Pollution et santé

Les Européens passent en moyenne 90 % de leur temps à l’intérieur de bâtiments. Les personnes âgées, les personnes malades et les enfants s’y trouvent quasi exclusivement. Ce que nous ignorons, c’est que souvent quand nous nous trouvons dans un espace intérieur, nous sommes exposés à la pollution de l’air, que ce soit à la maison, à l’école, au bureau, à l’intérieur d’un véhicule ou encore dans une salle de sport.

En effet, l’air des espaces intérieurs peut contenir un grand nombre de substances polluantes ou dangereuses pour la santé, parfois en quantité infime, parfois en quantité importante. Ces substances s’accumulent et se mélangent entre elles.

Origine et impacts sur la santé

Les études épidémiologiques sur le lien entre pollution de l’environnement intérieur et effets sanitaires se développent depuis quelques années. Elles ont tout d’abord porté sur les expositions à la fumée de tabac environnementale et aux biocontaminants, principalement les allergènes et les moisissures et plus récemment sur les polluants chimiques comme les aldéhydes. Ces études suggèrent un lien entre l’exposition à des polluants de l’air intérieur en France et la survenue d’effets respiratoires (Annesi- Maesano et al. 2012, Billionnet et al. 2011).

La présence de polluants n’implique pas nécessairement de conséquences sanitaires. Les effets sur la santé dépendent du type de polluant(s), de sa (leur) concentration, de la durée d’exposition (temps passé en présence du polluant) et de la sensibilité de chaque individu.

Le Tableau 1 présente de façon synthétique différent polluant ou familles de polluants susceptibles de se retrouver dans l’air intérieur et les effets sur la santé associés, recensés de façon générale. Les substances étudiées dans l’expertise VGAI sont présentées dans ce tableau pour illustrer les effets sur la santé ainsi que les études clé retenus pour l’élaboration de ces valeurs. Pour les effets cancérogènes, le classement du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) est donné.

Origine et impacts sur la santé

Le formaldéhyde est un gaz ubiquitaire, principalement issu de la combustion incomplète de substances contenant du carbone. Dans l’air intérieur, il est notamment émis par divers types de colles. L’air intérieur en contient généralement plus que l’air extérieur. De petites quantités de méthanal sont produites par le métabolisme de la plupart des organismes, dont l’organisme humain.

Pour fabriquer des phénoplastes, en le combinant au phénol, à l’urée ou à la mélamine (fabrication d’aminoplastes). le méthanal forme alors des résines thermodurcissables

Ces résines sont souvent utilisées dans les colles permanentes, comme celles utilisées dans la fabrication d’agglomérés, de contreplaqués, de la laine de verre, de tapis, ou bien pour former des mousses synthétiques.

Le CIRC a aussi évalué la cancérogénicité de plusieurs produits ou substances incluant du benzène. C’est le cas du tabagisme actif et de la fumée du tabac considérés cancérogènes avérés pour les cancers de la moelle osseuse (leucémie myéloïde) (groupe 1, volume 100E, 2009).

De même, il classe en groupe 1 les émissions en milieu clos dû à la combustion domestique de charbon (volume 100E, 2009) et en groupe 2A (substances probablement cancérogènes) celles de la combustion domestique de biomasse (le bois, essentiellement) (volume 95, 2010) : les fumées émises par les poêles et cuisinières à charbon ou à bois et les cheminées contiennent en effet des composés cancérogènes tels que du benzo[a]pyrène, du formaldéhyde et du benzène (Afsset, 2009).

Et enfin l’acétaldéhyde est classé cancérogène possible (groupe 2B) par le CIRC (effets cancérogènes sur les voies respiratoires chez des animaux de laboratoire). Il est utilisé en synthèse organique, et dans les industries des parfums, des matières plastiques, des colorants. Dans l’air intérieur, il provient de la fumée de tabac (dans laquelle il est présent en forte quantité), des panneaux de bois brut et de particules, isolants, photocopieurs, etc.

Un enjeu de santé publique

Entre 4 et 8,5 %, c’est-à-dire 11 000 à 23 000 nouveaux cas de cancer, seraient la conséquence d’une exposition à des agents cancérogènes dans le cadre du travail (Imbernon, 2003). On estime que 13,5% des salariés seraient exposés à un ou plusieurs agents cancérogènes au cours de leur activité professionnelle (Sandret, 2003), soit environ 2 370 000 salariés, dont 70 % d’ouvriers, majoritairement des hommes (84 %).

Chez les ouvriers, la part des cancers imputables à l’activité professionnelle atteindrait près de 20 %. A noter qu’une étude récente publiée dans la revue de l’INED confirme que les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres et qu’ils passent plus de temps qu’eux avec des incapacités et des handicaps.

Les agents cancérigènes dans le lieu de travail

On distingue 3 types d’agents cancérigènes :

  • Les agents physiques (radiations ionisantes, radiations uv)
  • Les agents chimiques (amiante, benzène, silice, certaines substances minérales telles que les fibres d’amiante…)
  • Les agents biologiques (certains virus ou parasites)
  • De nombreux agents cancérogènes peuvent être présents dans l’environnement de travail